mardi 8 mai 2012

Pour une éthique de la résistance!


Propositions de quelques repères pour la résistance

Mes motivations pour cet article viennent des réflexions que j'ai commencé à faire quant à notre perspective de résistance à Rio où différentes stratégies s'offrent à nous. Première option: on vise à établir un rapport de force avec tous nos partenaires de la société civile contre les propositions minimalistes de l'ONU et contre des pays qui, comme le Canada, semblent tout à fait inconscients et sans souci du bien commun; ce faisant, on mise qu'une telle approche, bien soutenue et appuyée, pourrait améliorer les chances de voir un certain nombre de pays bonifier leurs engagements ou à tout le moins chercher à influencer d'autres pays en ce sens. Deuxième option: on met l'essentiel de nos énergies à partager nos expériences et à créer des alliances pour lutter plus efficacement dans chacun de nos pays et régions au retour. Troisième option: on mise sur une résistance plus inclusive, plus ouverte, tout en claironnant  assez fortement nos exigences de base pour le virage essentiel à faire; ici on dépasse le nihilisme et on élabore d'autres visions du monde. Enfin, une autre stratégie pourrait inclure à différents degrés les trois premières. Dans ce texte je vais très brièvement explorer quelques balises pertinentes peu importe la stratégie. Je le ferai d'abord à partir de quelques questions. Ceux et celles qui veulent, pourraient enrichir cette simple amorce de réflexion à partir du Blog de la délégation.

D'abord, comment pourrait-on dépasser une simple attitude réactionnelle vis à vis le cul de sac écologique à l'horizon, et la détérioration des droits humains ?  Comment ne pas tomber dans le même piège de la pensée unique qui marque le néo-libéralisme actuelle ? Comment éviter de strictement démoniser le capitalisme sauvage et incontrôlé, ou encore la technologie, et ce faisant, établir deux camps opposés, comme les néolibéraux le font avec nous, les bien-pensants de l'écologie et des droits humains ? Comment sortir de ce carcan cartésien dualiste ? Une voie peut-être: il nous faut une réflexion sur le NOUS, capable de nous aider à sortir de l'alternative binaire entre la serre chaude communautarienne et la froide cité libertarienne.
Je pense qu'il faut le faire en posant la question éthique, c'est à dire en posant la question de la valeur des fins poursuivies par la mise en œuvre de la technologie sans balise et du capitalisme tout azimut, et aussi en questionnant l'adéquation de ces moyens avec les fins poursuivies. Il s'agit de sortir de l'interdit de penser qui semble de mise, de plus en plus souvent, quand quelqu'un ose remettre en question les fins, les intentions, derrière le type de développement actuel et le supposé besoin de création de richesse, finalement souvent pour une minorité; on rencontre le même interdit quand l'idéologie scientiste nous enligne dans le canal étroit des seules réponses techniques. Il m'apparaît aussi primordial de dépasser la seule dénonciation et le rôle de prophète de catastrophe. Sachons être inspirant et dépasser la peur de l'avenir.

Enfin, autre balise, il me semble qu'il serait judicieux de garder en tête, particulièrement nous de l'occident, la nécessité d'une modernité métisse, comme la nomme Jean-Claude Guillebaud (Le commencement d'un monde;, Seuil, points-essais, 2008). La notion de droits humains et le concept de progrès par exemple, sont tous deux issus d'une tradition culturelle occidentale. Face aux changements à faire, qui s'imposent chaque jour avec plus d'acuité, il faut s'ouvrir à d'autres visions du monde tout en sachant garder du nôtre ce qu'il a de meilleur. Cela entraîne la nécessité de créer les conditions pour une délibération démocratique et productive constante. Enfin, n'oublions pas de maintenir sur nous le phare de la conscience critique et cela en permanence.

Voilà donc une petite amorce dans le sens d'une éthique de la résistance pour nos interventions à venir. Elles se situent dans le même champ d'exploration que la présentation de Réjean Villeneuve lors de la dernière journée de formation. Finalement il me semble que notre présentation de groupe sur le Plan Nord serait un matériel tout à fait approprié pour articuler concrètement une autre vision du monde et arriver à Rio avec une attitude critique doublée d'une proposition véritable.

Caroll McDuff

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